Publié le 25 septembre 2019
Une carrière à l’international dans l’agroalimentaire ? Les conseils de Stéphane Hervé de ManagerIA !
Vous souhaitez vivre une expérience ou une carrière dans l’agroalimentaire à l’international ? Voici les conseils de Stéphane Hervé, Consultant sénior associé chez ManagerIA !
« L’avantage de l’agroalimentaire, c’est qu’il y a des industries partout dans le monde. »
CT : Dans quelle mesure ManagerIA est-il un cabinet de recrutement international ?
Stéphane Hervé : Environ 25% des missions que nous réalisons sont des recrutements pour des postes à l’international. Il peut s’agir de français que nous envoyons à l’étranger, mais également de profils étrangers que nous recrutons pour des entreprises étrangères ou françaises implantées à l’étranger.
Ainsi, nous travaillons régulièrement dans toute l’Afrique, en Italie, en Espagne, en Russie, au Vietnam, à Hong Kong, à Dubaï … L’avantage de l’agroalimentaire, quand on veut faire une carrière internationale, c’est qu’il y a des industries partout dans le monde et que les formations françaises jouissent d’une bonne réputation.
« Nos formations Agro sont reconnues dans le monde entier et nous avons aussi, culturellement, un bonus en matière d’alimentation. »
CT : C’est-à-dire ?
Stéphane Hervé : Nos formations Agro sont reconnues dans le monde entier pour leur excellence et nous avons aussi, culturellement, un bonus en matière d’alimentation. Sortir d’Ecoles telles que Purpan, AgroCampusOuest, ISARA Lyon, ESA Anger, ENSA Toulouse, AgroParisTech, AgroSup Dijon, UniLaSalle, Montpellier SupAgro, ENSAIA Nancy, ISA Lille … est un gage de qualité dans le monde entier. Certaines filières sont même des filières d’excellence dont on s’arrache les diplômés et les professionnels. Je pense en particulier aux industries des céréales.
CT : Qu’en est-il des formations agroalimentaires à l’étranger ?
Stéphane Hervé : Certaines Ecoles comme l’Institut Polytechnique de Zurich, Reading en Angleterre et Wageningen au Pays-Bas sont bien reconnues en matière d’agroalimentaire. Dans ce cas, il peut être intéressant pour les français d’avoir un double diplôme. Mais les candidats dans ce cas sont assez peu nombreux.
« L’on conjugue développement professionnel et personnel parce que l’on acquiert une capacité d’observation et d’accommodation qui est très précieuse. »
CT : Quels sont les bénéfices d’une carrière à l’international ?
Stéphane Hervé : Evidemment, il y a l’acquisition ou le perfectionnement d’une langue auquel s’ajoute le développement des qualités d’adaptation à une culture, une culture d’entreprise et un style de management. Ce faisant et en multipliant les expériences, l’on conjugue développement professionnel et personnel parce que l’on acquiert une capacité d’observation et d’accommodation qui est très précieuse. Cela permet de faire tomber les barrières en matière de résolution de problème ou d’innovation, par exemple.
« Il faut avoir le goût de l’aventure et être vraiment passionné par son métier dans l’agroalimentaire … »
CT : Quelles sont les difficultés engendrées par une carrière internationale ?
Stéphane Hervé : Elles tiennent aux limites de la capacité d’adaptation du candidat et à la confrontation entre le rêve et la réalité. Les IAA sont généralement situées dans des zones rurales, dans des endroits parfois très reculés qui n’offrent pas beaucoup de distraction, ni de soutien de proximité. Il faut donc avoir le goût de l’aventure et être vraiment passionné, investi dans son travail pour tirer le maximum de bénéfices de l’expérience.
« Les entreprises doivent être très attentives à ce que le projet de vie à l’étranger soit aussi celui du conjoint ou de la conjointe et des enfants »
CT : Quid de la famille du candidat ?
Stéphane Hervé : Il faut évidemment que la famille du candidat adhère au projet.
Quand le candidat ou la candidate a une famille qui le suit dans ses aventures professionnelles, les entreprises doivent être très attentives à ce que le projet de vie à l’étranger soit aussi celui du conjoint ou de la conjointe et des enfants quand ils sont en âge d’émettre leur avis. L’équilibre peut être très fragile. La difficulté pour le conjoint de retrouver un travail, des problèmes scolaires ou conjugaux peuvent mettre un terme à l’expatriation… et au final coûter très cher à l’entreprise quand il faut rapatrier toute une famille et recommencer un processus de recrutement.
Les grandes entreprises sont de plus en plus conscientes de cela et s’efforcent de mettre en place de bonnes conditions de vie pour les familles. De plus en plus, elles sont amenées à proposer aussi un projet professionnel au conjoint (formation, emploi, missions…), même si c’est encore trop peu souvent le cas au vu des cas de doubles carrières à gérer.
Les PME et les plus petites entreprises sont moins aguerries pour envoyer un français à l’étranger ou accueillir un étranger en France. Du coup, souvent, elles se tournent trop vite vers des profils locaux ou ont tendance à se focaliser sur de jeunes professionnels, sans attaches et « pas chers ».
« Cela contribue à faire progresser les IAA et nourrit l’innovation »
CT : Quels sont les apports pour une entreprise d’un profil international … Est-ce financièrement valorisé ? Est-ce récompensé en termes de progression ?
Stéphane Hervé : Les profils internationaux ont l’avantage d’être très adaptables, très malléables. Ils peuvent apporter aux entreprises agroalimentaires des solutions nouvelles expérimentées ailleurs. Cela contribue à faire progresser les IAA et nourrit l’innovation. Toutes ces qualités sont valorisées de manières différentes par les entreprises selon les filières. Par exemple, les parcours export sont très bien valorisés du fait de la connaissance des marchés. Également, les grandes entreprises sont plus enclines à récompenser les profils internationaux dans leurs évolutions de carrière et permettent une progression plus rapide. C’est moins le cas, par manque d’habitude, chez les entreprises plus petites.
« Stage, césure, V.I.E, contrat local, contrat d’expatriation, missions … plusieurs formats permettent de travailler à l’international dans l’agroalimentaire. »
CT : Quelles sont les possibilités d’avoir une/des expériences professionnelles à l’international dans l’agroalimentaire ?
Stéphane Hervé : Stage, césure, V.I.E, contrat local, contrat d’expatriation, missions … plusieurs formats permettent de travailler à l’international dans l’agroalimentaire.
En tant qu’étudiant, il y a souvent la possibilité d’effectuer un stage ou bien de faire une césure à l’étranger. D’ailleurs, de nombreuses écoles imposent un stage à l’étranger dans leur cursus.
En tant que jeune diplômé, le V.I.E. (Volontariat International en Entreprise) géré par Business France, est une bonne option qui permet de partir dans des conditions sures et bien définies au départ.
Ensuite il y a la possibilité de se faire embaucher en « local », aux conditions juridiques, économiques et sociales du pays dans lequel l’entreprise est implantée. En comparaison, le « contrat d’expat » est souvent beaucoup plus avantageux avec des niveaux de rémunération, de prise en charge matérielle, sanitaire et sociale et de compensation variables selon les entreprises. La mission enfin, via une prestation de service (cabinets de consultants par exemple) est un autre moyen de travailler à l’international.
« Une carrière à l’international se construit en général très en amont !»
Mais dans tous les cas, une carrière à l’international se construit en général très en amont ! Les entreprises cherchent à limiter leur prise de risque quand elles embauchent un candidat pour un poste à l’international… surtout quand il s’agit d’aller travailler dans un pays un peu compliqué… C’est pourquoi, les candidats à l’international déjà en poste en France doivent pouvoir démontrer qu’ils ont au minimum voyagé, effectué des stages ou des missions à l’étranger et qu’ils sont adaptables et ouverts sur le monde. Cela doit apparaître très clairement dans le CV, dans la lettre de motivation et sur le profil LinkedIn.
« Il faut bien se renseigner sur les pays et les organisations visés en cultivant son réseau. »
CT : Quels conseils donneriez-vous à un professionnel de l’Agro qui souhaite avoir une carrière à l’international ?
Stéphane Hervé : Je dirais, avant toute chose, qu’il faut bien se renseigner sur les pays et les organisations visés en cultivant son réseau. Ce faisant, cela permet d’avoir accès à des opportunités de carrière.
Par exemple en ce qui concerne les pays, regarder le coût de la vie, les infrastructures, les structures sanitaires, les transports, la sécurité, les écoles … rencontrer des communautés « d’expats » sur le net ou en face à face pour se faire une idée de la réalité des choses. Les Ambassades et Consulats français à l’étranger, le réseau des Alliance Française, le réseau des Conseillers du Commerce Extérieur de la France, les Accueils d’expatriés francophones à l’étranger, mais aussi toutes les communautés et groupes sur les réseaux sociaux peuvent fournir de précieuses informations.
En ce qui concerne les entreprises, il convient de se faire une idée de la stratégie de l’organisation sur un pays donné en récoltant autant d’informations que possible sur le marché, la concurrence, la réalité du travail dans l’entreprise… Des outils comme LinkedIn peuvent être très précieux, tout comme les publications de Business France.
Ensuite, si l’on envisage une carrière complète et variée à l’international, cette dernière sera sans doute plus facile au sein d’un grand groupe car ces derniers ont besoin d’avoir une population de cadres mobiles.
Enfin, dans la R&D, certains grands groupes ont des centres de recherche qui recrutent des professionnels de l’agroalimentaire de tous les pays. C’est le cas de Nestlé par exemple, mais aussi de Danone en Hollande et de Mondelez à Zurich.
« Le réseau de ManagerIA nous permet d’avoir accès à des informations fiables et précises sur des pays, des organisations et des opportunités de carrière. »
Mais chaque projet est différent… C’est pour cela, qu’en tant que cabinet conseil en recrutement dans l’agroalimentaire, ManagerIA a vocation à conseiller les professionnels concernant leur carrière à l’international. Notre réseau mondial nous permet d’avoir accès à des informations fiables et précises sur des pays, des organisations et des opportunités de carrière.
« Les expériences à l’international permettent d’apporter une expertise transversale sur un sujet donné pour faire avancer un débat, développer son « personal branding » et attirer les nouvelles propositions. »
CT : Comment un professionnel de l’Agro peut-il valoriser son profil international ?
Stéphane Hervé : Dans un profil LinkedIn, un CV, ou un pitch, il faut évidemment indiquer les pays et villes où le métier a été exercé, mais aussi mettre en avant ses connaissances linguistiques et son expertise des marchés. Ne pas hésiter aussi à préciser les contextes, les compétences en management interculturel acquises, son adaptabilité.
Enfin pour les profils plus aguerris, les expériences à l’international permettent d’apporter une expertise transversale sur un sujet donné pour faire avancer un débat, développer son « personal branding » et attirer les nouvelles propositions.
Photo : Stéphane Hervé
Propos recueillis par Christelle Thouvenin