Publié le 8 octobre 2021
Agroalimentaire durable : carton plein !
Il y a quelques mois, les étudiants en agroalimentaire nous confiaient leur aspirations professionnelles en matières environnementale et sociétale dans l’étude Dessine-moi l’entreprise agroalimentaire de demain. Dans cette veine, nous avons assisté à la conférence Comment bâtir une industrie agroalimentaire durable ? organisée dans le cadre de BPI Inno Generation, le 7 octobre dernier. Edouard Chedru, Dirigeant de la Ferme des Peupliers (yaourts et produits laitiers) ; Tom François, Président de Hermes Boissons (jus de fruits frais pressés) et Christophe Le Bihan, Directeur Général de Mytilimer (produits de la mer) ont partagé leurs expériences. Au menu : intégration des maillons de la chaîne de valeur ; circuits courts ; répartition de la valeur ajoutée ; ancrage territorial ; valorisation des déchets et … recrutement.
Le choix du circuit court pour une industrie agroalimentaire durable
Les entreprises présentes ont toutes fait le choix d’intégrer les différents éléments de leur chaîne de valeur et de fonctionner en circuit court.
La Ferme des Peupliers : un modèle vertueux
Pour commencer, la Ferme des Peupliers élève des vaches dont elle transforme le lait. Ce faisant, elle gère l’alimentation des vaches et ne transforme que le lait de ses propres vaches.
L’intégration de toute la chaîne de valeur permet de :
- Obtenir de meilleurs produits : le circuit court permet de mieux exploiter toutes les qualités nutritionnelles et organoleptiques du lait qui est un produit à la fois riche et fragile ;
- Réduire l’impact carbone en évitant le transport ;
- Garder la valeur produite sur le territoire rural avec des retombées positives en termes d’emplois et d’activités économiques ;
- Mieux répartir la valeur ajoutée entre la production, la transformation et la distribution ;
- Investir, grâce à une meilleure répartition de la valeur ajoutée, dans un modèle d’élevage extensif plus vertueux et plus durable. La Ferme des Peupliers a ainsi dupliqué son modèle sur deux autres sites d’élevage et de production. Objectif ? Mieux prévenir les risques sanitaires et leurs effets possibles sur l’activité économique de l’entreprise.
Hermes Boissons : répondre aux attentes en matière de naturalité des consommateurs et améliorer le bilan carbone
Par ailleurs, Hermes Boissons (entreprise créée en 1880) et sa marque La Jucerie, ont réintégré les différents maillons de la chaîne de valeur dans la production de jus de fruits frais.
Ce circuit court permet de répondre à plusieurs objectifs, et notamment :
- Répondre aux attentes de transparence et de naturalité des consommateurs grâce à de nouvelles technologies qui permettent de donner accès à des jus fraichement pressés à base de fruits ultra frais ;
- Améliorer le bilan carbone à travers une réduction des consommations d’énergie et de l’impact carbone ;
- Mieux maîtriser la qualité des produits (fruits et légumes frais) intrants.
Mytilimer : une meilleure répartition de la valeur ajoutée entre les différents métiers des produits de la mer pour assurer un développement constant de l’entreprise
Enfin, Mytilimer est la seule entreprise en France à avoir regroupé différents métiers des produits de la mer de La Rochelle jusqu’aux côtes Belges. L’entreprise vise un bilan carbone négatif à 5 ans. L’intégration des différents maillons des chaînes de valeur permet avant tout à l’entreprise de mieux distribuer la valeur ajoutée générée globalement entre les différents métiers, en fonction des besoins de chacun. L’objectif est de pouvoir assurer un développement constant de l’entreprise.
Valoriser les déchets pour une industrie agroalimentaire durable
Mytilimer : une entreprise décarbonée d’ici 5 ans et la valorisation des co-produits de la mer
A l’image de la moule qui est le seul être décarboné dans le monde, Mytilimer travaille à une chaîne de valeur décarbonée. Dans cette optique, l’entreprise a déposé un brevet mondial sur une technique qui permet de détacher la partie organique de la coquille de la moule et de valoriser les deux éléments. Elle a aussi réalisé des investissements substantiels (20 M€) dans une nouvelle usine zéro-déchets. Les co-produits organiques intéressent les industries agroalimentaires qui les utilisent pour réaliser des préparations fumées. Quant à la coquille, elle a des usages très variés : construction d’autoroutes, fabrication de lunettes et de bioplastiques. De surcroît, Mytilimer s’est engagée dans une transformation digitale visant le zéro-papier d’ici 2 ans.
Hermes Boissons : alimentation animale, bio-compostage, méthanisation et bioplastiques
Quant à Hermes Boissons, l’entreprise a réalisé une étude sur les schémas de valorisation des co-produits de fruits. Elle revalorise les déchets de pommes françaises : méthanisation, alimentation animale, bio-compostage pour l’agriculture. Les co-produits des agrumes rejoignent des méthaniseurs. Les pelures d’oranges deviennent du bioplastique pour fabriquer des verres. Par ailleurs, l’entreprise propose des formats vrac pour ses jus, en emballages cartons de 3L et 10L. De plus, elle produit ses propres bouteilles en rPET, selon les demandes de la grande distribution.
La Ferme des Peupliers : de l’énergie verte pour l’entreprise et la collectivité
Toujours dans une optique de circuit court et de réduction carbone, la Ferme des Peupliers a investi pour avoir son propre atelier de méthanisation valorisant les déchets d’élevage et le fumier. La chaleur et l’électricité produites alimentent l’atelier de transformation. Le surplus de cette énergie verte alimente également les communes rurales alentours.
Valoriser ces démarches durables pour conquérir des marchés et recruter
Il est important ici de faire la différence entre le greenwashing de façade sans impact réel en matière environnementale et sociale ; et les démarches qui ont été présentées ici. Enracinées dans les valeurs et le projet sociétal des entreprises, ces démarches ont tout intérêt à être communiquées, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, cela permet d’inspirer le secteur, de faire des émules, d’innover encore et toujours dans le secteur agroalimentaire. Ce faisant, on répond aussi à l’agro-bashing ambiant par des preuves et l’on reconstruit l’image d’un secteur souvent mis-à-mal, et pourtant tellement essentiel.
Ensuite, ces démarches durables constituent un argument de choix supplémentaire proposé aux consommateurs devenus plus regardants, plus engagés. Au final, cela peut impacter l’ensemble des pratiques des entreprises agroalimentaires qui veulent rester compétitives sur tous les niveaux.
Enfin, ce sont réellement des démarches qui répondent aux aspirations d’un bon nombre de professionnels de l’agroalimentaire, et entre-autre des jeunes générations. Nous l’avions démontré dans notre étude Dessine-moi l’entreprise agroalimentaire de demain.
L’agroalimentaire durable fait donc un carton plein en termes d’impacts !
Image : copie d’écran